MODELE DE PREDICTION DE LA RECIDIVE APRES UN 1ER EVENEMENT THROMBO-EMBOLIQUE VEINEUX : VALIDATION EXTERNE DU SCORE DE VIENNE
Après un premier épisode de maladie thromboembolique veineuse (MTEV) idiopathique le risque de récidive annuel à l’arrêt du traitement est de 5-10% et pourrait justifier chez certains patients de maintenir un traitement anticoagulant au long cours. A ce jour, 3 modèles ont été proposés pour sélectionner les patients éligibles à ce type de traitement (score de Vienne, score DASH, HERDOO-2) mais aucun n’a bénéficié d’une validation externe.
Dans cet article, Marcucci et al. ont réalisé une validation externe du score de Vienne à partir de 4 cohortes prospectives de patients ayant eu un premier épisode de MTEV idiopathique.
Le score de Vienne est un score de risque de récidive après un premier épisode idiopathique de MTEV, non lié à la prise d’oestroprogestatif, chez des patients traités 3 mois par anticoagulants sans cancer ou thrombophilie grave (déficits en antithrombine, protéine C, protéine S, syndrome des anti-phospholipides, double hétérozygotie ou homozygotie pour les mutations des facteurs II ou V).
Il est établi à partir de 3 facteurs de risque de récidive : sexe masculin, localisation de la MTEV (embolie pulmonaire, thrombose veineuse profonde (TVP) proximale, TVP distale) et niveau des D-Dimères après l’arrêt du traitement anticoagulant.
Il se calcule « en ligne » grâce au calculateur de risque disponible sur le site suivant : http://cemsiis.meduniwien.ac.at/en/kb/science-research/software/clinical-software/recurrent-vte/.
En pratique, l’application du score dans la cohorte de validation pour classer les patients dans les différents groupes de niveau de risque de récidive (5) donnait des résultats au moins aussi bons que dans le modèle original, mais le modèle avait tendance à sous-estimer le risque de récidive par rapport au risque de récidive observé dans la cohorte de validation.
Les principales limites de cette validation externe sont d’une part des différences de caractéristiques des patients entre les modèles de validation et de dérivation (patients plus âgés (68 vs. 54 ans) avec beaucoup moins de TVP distales (1.3% vs. 17.7%) et des taux plus élevés de D-Dimères (520 vs. 355 µg/l) mesurés avec des réactifs différents), un suivi plus court (12 mois vs. 43 mois) et surtout le fait qu’il ne s’agit pas d’une validation par le biais d’une étude de management dédiée.
Il n’en reste pas moins que le score de Vienne est le premier des 3 scores à avoir subi avec succès l’épreuve d’une validation externe. Ceci constitue une étape importante avant la réalisation d’études de validation dédiées pour pouvoir adopter définitivement ce modèle dans la pratique clinique.