Critères ultrasonographiques dans la détection de re-sténose significative intra-stent des artères rénales

Titre original : 
Renal Artery Duplex Ultrasound Criteria for the Detection of Significant In-Stent Restenosis
Titre en français : 
Critères ultrasonographiques dans la détection de re-sténose significative intra-stent des artères rénales
Auteurs : 
Ian del Conde, Ira D. Galin, Bania Trost, Jeanwan Kang, Robert Lookstein, Mark Woodward, Susan Gustavson, Richard P. Cambria, Michael R. Jaff and Jeffrey W. Olin. (catheterization and cardiovascular interventions 83:612-618 (2014)
Revue : 
(catheterization and cardiovascular interventions 83:612-618 (2014)

Traductions & commentaires : 
Pascal Giordana



Une sténose athéromateuse de l’artère rénale est retrouvée approximativement chez 7% de la population de plus de 65 ans et sa prévalence peut atteindre  40% chez les sujets à haut risque. 

Son traitement est controversé depuis la dernière décennie. L’angioplastie avec mise en place d’un stent est un traitement qui apporte un résultat initial satisfaisant dans 99% des cas avec un risque de re-sténose dans 10 à 20% selon les séries. Le protocole de suivi recommandé comporte un écho-Doppler tous les 6 mois. Les critères de sténose ne sont pas identiques à ceux définis pour les artères rénales natives non stentées. 

Méthodologie

Ce travail consiste en une étude rétrospective bi-centrique, sur des patients ayant bénéficié d’une mise en place de stent au niveau d’une artère rénale et qui ont été suivi par écho-Doppler et angioscanner ou angiographie dans les 6 mois qui ont suivi la revascularisation (entre 2002 et 2007). Toutes les angiographies réalisées pour suspicion de re-sténose étaient justifiées (HTA résistante, aggravation de la fonction rénale, œdème pulmonaire récurrent).

L’écho-Doppler était réalisé de manière standardisée avec une mesure de la vitesse systolique aortique au niveau de l’artère mésentérique supérieure (angle < 60°). Les vitesses maximales systoliques (VMS) et les vitesses télédiastoliques  (VTD) étaient enregistrées au niveau de l’ostium, du tiers proximal et du tiers distal de l’artère rénale. Le rapport réno-aortique (RRA) n’a pas été calculé en cas d’anévrysme de l’aorte abdominale ou lorsque les vitesses systoliques aortiques étaient  > 100 cm/sec ou < 40 cm/sec. 

L’analyse angiographique était réalisée par angioscanner ou par angiographie par cathétérisme. Elle définissait deux catégories de sténose: entre 0 et 59% et entre 60 et 99%. 

Résultats

139 artères rénales stentées chez 106 patients ont bénéficié d’une comparaison écho-Doppler / angiographie dans les 6 mois. 70% des explorations étaient réalisées dans les 3 mois. La faisabilité de l’écho-Doppler (résultats en adéquation avec les prérequis) était de 96%, 6 examens ayant été exclus de l’étude. Une artère était occluse. Parmi les 132 artères restantes, 88 présentaient une sténose angiographique comprise entre 60 et 99% et 44 une sténose comprise entre 0 et 59%.

La VMS en cas de sténose entre 60 et 99% était 3 fois supérieure à celle retrouvée en cas de lésion inférieure à 60% (382 cm/sec ± 129 cm/sec versus 158 cm/sec ± 62 cm/sec, p < 0.001). Le RRA n’est calculé que chez 100 patients et est significativement supérieur en cas de lésion comprise entre 60 et 99% (5,4 ± 2,3 versus 2,0 ± 0,98, p< 0.001) (Tableau 1)

 

 

 

Discussion

L’analyse des résultats démontre que les critères vélocimétriques de re-sténose intra-stent sont plus élevés que les critères de sténoses retenus pour les artères rénales natives non stentées. Plusieurs études vont dans ce sens, Bakker et al retrouvaient un cut-off  entre 180 et 226 cm/sec pour des re-sténoses > 50%  (sensibilité 100% et spécificité 90%), Les vitesses retenues dans l’étude RENAISSANCE  pour une re-sténose > 50%  sont une VMS ≥ 225 cm/sec et un RRA ≥ 3,5 (sensibilité 83% et spécificité 92%) et Chi et al définissent une sténose ≥ 70% par une VMS de 395 cm/sec (sensitivité 83%, spécificité 88%, VVP 71%).

En conclusion une VMS < 241 cm/sec est discriminatoire pour éliminer une sténose comprise entre 60 et 99% (VPN de 96%), ainsi qu’un RRA < 2,6 (VPN 95%). Une VMS ≥ 296 cm/sec permet de définir une sténose comprise entre 60 et 99% (VPP 94%) tout comme un RRA ≥ 4,4 (VPP 96%) (Tableau 2).

 

 Bien que cette étude comporte quelques limites - cohorte rétrospective avec un taux de sténose comprise entre 60 et 99% de l’ordre de 33% (44/132), supérieur au taux attendu (10 à 20%) ; un suivi n’excédant pas 6 mois -, elle rejoint les données actuelles qui consistent à revoir à la hausse les critères de sténose de l’artère rénale. En 2009, Mohabbat et al retrouvaient des valeurs similaires avec, comme critères pour définir une re-sténose intra-stent  ≥ 60%, une VMS > 280 cm/sec (sensibilité 93%, spécificité 100%, VPP 99%, VPN 99%) et un RRA > 4,5  (sensibilité 83%, spécificité 89%, VPP 42%, VPN 98%). Ces critères sont à confirmer avec une analyse du gradient trans-sténotique, comme ce fût fait par certaines équipes dont celle d’AbuRahma et al sur les artères rénales natives non stentées, pour lesquelles une sténose supérieure à 60% est définie par une VMS > 285 cm/sec (sensibilité 67%, spécificité 90%, VPP 81%, VPN 80%) et un RRA > 3,7  (sensibilité 69%, spécificité 91%, VPP 84%, VPN 82%). Celui-ci concluait cependant que chaque laboratoire devait valider ses propres valeurs.